Eau
Les changements climatiques entraînent des changements dans les régimes de précipitations futurs. En Belgique, on observe des étés sont plus secs et des précipitations hivernales en moyenne plus élevées. Il y a également une tendance claire en ce qui concerne les précipitations extrêmes : la quantité de précipitations au cours d’une précipitation extrême telle que celles qui se produisent une fois par an augmentera de 24 % d’ici 2100 dans un scénario à fort impact ; en ce qui concerne les précipitations extrêmes qui se produisent une fois tous les 20 ans, l’augmentation sera de 45 %. Ces tendances influenceront les inondations, tant fluviales que pluviales. A côté de l’augmentation de l’imperméabilisation des sols et des projets de gestion des cours d’eau, La modification des précipitations a un impact sur le système hydrique. Les débits de pointe ont augmenté au cours des dernières décennies de même que les risques d’inondation. Dans certaines régions, ils causent déjà des dommages plus d’une fois tous les dix ans.
Des précipitations extrêmes en Belgique peuvent entraîner des inondations pouvant engendrer à leur tour des conséquences économiques et écologiques, ainsi qu’un impact psychosocial et des dommages au patrimoine culturel. Les inondations fluviales et pluviales de ces dernières années ont causé de multiples dégâts dans tout le pays. Les dommages causés par les inondations devraient encore augmenter suite aux changements climatiques. La forte augmentation des précipitations extrêmes imposera à l’avenir une charge supplémentaire sur les réseaux d’assainissement et autres systèmes de drainage. Les égouts ne rejettent pas seulement les eaux usées. Avec les cours d’eau et les canaux, ils contribuent également souvent à l’évacuation des eaux de pluie. En cas des fortes précipitations, les débits de pointe dans les réseaux d’égouts, les cours d’eau et les canaux augmentent. Des pluies plus intenses entraîneront une augmentation progressive du nombre d’inondations et de débordements d’égouts au cours des prochaines décennies. Cela aura des conséquences majeures sur la conception et le dimensionnement des infrastructures. Les inondations peuvent causer des dommages aux infrastructures de transport et de production d’énergie et aux bâtiments en général. Mais elles peuvent aussi avoir des conséquences considérables entre autre sur l’agriculture du fait du rinçage des terres fertiles.
La Flandre est particulièrement vulnérable aux pénuries d’eau. En Europe, la Flandre a l’une des plus faibles disponibilités en eau par habitant. Cela est dû à la combinaison d’une forte densité de population et d’une présence relativement limitée d’eaux de surface et d’eaux souterraines. Les scénarios climatiques prévoient moins de pluie et plus d’évaporation en été à l’avenir.
Une sécheresse prolongée peut endommager les cultures et limiter leur croissance. L’approvisionnement en eau potable peut être compromis. Une sécheresse prolongée peut également entraîner des problèmes de navigabilité des cours d’eau, qui peuvent affecter la navigation intérieure. Mais d’autres secteurs où l’eau est un élément essentiel du processus de production, par exemple, peuvent également être affectés. La sécheresse peut également entraîner une diminution de la qualité de l’eau.
Les sécheresses ont également un impact sur les espaces verts, les forêts et la nature, ce qui peut conduire à terme à une perte de biodiversité et aux services écosystémiques qui y sont liés. La sécheresse combinée à la chaleur augmente le risque d’incendies de forêt et d’incendies naturels, entraînant une perte de biodiversité, une réduction des stocks de carbone dans la biomasse et des émissions supplémentaires de CO2, mais elle peut également constituer une menace pour les zones agricoles, la qualité de l’air et la santé.
Excès d’eau
En Flandre, les principes de la sécurité multi niveau sont appliqués pour limiter autant que possible les risques de dommages causés par les inondations, en mettant l’accent sur la protection contre les inondations critiques (protection), sur la prévention des dommages causés par les inondations (prévention), ainsi que sur la prévision et l’alerte des inondations (préparation). La réduction des risques d’inondation est une responsabilité partagée entre les gouvernements, les secteurs et les citoyens. La politique flamande en matière d’inondations est mise en œuvre en application de la directive inondations, qui stipule qu’il faut mieux évaluer le risque d’inondation et que des mesures doivent être prises pour limiter les dégâts.
Au cours des prochaines décennies, la Flandre continuera à se concentrer sur la prévention des dommages causés par les inondations. Même en l’absence de dommages accrus dus aux changements climatiques, les dommages causés par les inondations dans certaines régions seront plus importants à l’avenir qu’ils ne le sont actuellement en raison de la croissance économique et démographique. Dans une Flandre densément peuplée, l’espace pour la gestion de l’eau est très réduit, ce qui, avec l’excès de sédiments dans les cours d’eau, complique l’équilibre (instable) des réseaux hydrographiques. De plus, la plupart des scénarios climatiques indiquent que nous aurons des hivers plus humides et des étés avec des averses plus intenses et que le niveau de la mer continuera à monter. Enfin, de nombreux pouvoirs publics, secteurs et citoyens sont encore beaucoup trop peu conscients que la réduction des risques d’inondation est une responsabilité partagée.
En Région wallonne, un plan de prévention des inondations a été adopté en 2003 (plan PLUIES – » Prevention et LUtte contre les Inondations et leurs Effets sur les Sinistrés »). Ce plan global vise à améliorer la connaissance des risques d’inondations, à réduire et à ralentir le ruissellement des eaux sur les pentes, à améliorer la gestion des rivières, à réduire la vulnérabilité des zones exposées aux inondations et à améliorer la gestion des crises. La surveillance en temps réel des cours d’eau, les études hydrologiques, la coordination et les alertes inondations sont déjà opérationnelles. Le plan PLUIES sera modifié pour mettre en œuvre la directive européenne inondations. Les futurs plans de gestion des risques inondations (PGRI) intégreront les principes basés sur les 3 P : Prévention, protection et préparation.
En Région de Bruxelles-Capitale, le Plan régional de gestion de l’eau 2017, qui couvre la période 2016-2021, contient des actions tant préventives que curatives. Ses mesures préventives contribuent à mieux adapter la zone bâtie à l’augmentation des précipitations, notamment en améliorant l’écoulement de l’eau dans le sol et en retenant temporairement l’eau sur les terrains. Elles permettent également de récupérer l’eau de pluie et d’augmenter la percolation et l’évapotranspiration (limitation des superficies bâties, choix de matériaux perméables à l’eau, plantations et toitures vertes).
Le programme « maillage bleu », créé en 1999, vise à rétablir la continuité du réseau hydrologique et à réintroduire la fonction de « tampon des eaux de crues » en récupérant les eaux de ruissellement propres. Sur le territoire de la région, le réseau d’évacuation des eaux excédentaires est de type unitaire : les égouts et les canalisations drainent non seulement les eaux usées, mais aussi les eaux des rivières débordantes et les eaux de ruissellement. L’inconvénient de ce système est que lorsque le temps est sec ou qu’il pleut peu, les eaux usées qui aboutissent dans la station d’épuration sont inutilement diluées et obstruées par de fortes pluies, provoquant des inondations avec des eaux très polluées. Ce programme permettra également d’améliorer les cours d’eau, les étangs et les zones humides dans la zone urbaine.
La principale mesure curative est la construction d’une série de bassins pluviaux reliés au réseau d’assainissement. En cas de très fortes précipitations, ces bassins peuvent stocker les eaux de ruissellement afin de rétablir le débit du réseau d’assainissement.
En parallèle, des mesures compensatoires de l’imperméabilisation à la parcelle sont systématiquement imposées dans les permis de construction (obligation de citerne, de bassin d’orage individuelle, de maintien d’un minimum de surface perméable,…) pour retenir ou tamponner l’eau de ruissellement à la source.
Au niveau fédéral, la couverture contre les inondations et autres catastrophes naturelles est incluse dans les polices d’assurance incendie privées depuis 2007. L’arrêté royal du 28 février 2007 définit les « zones à risque » sur la base de cartes établies par les régions. Si un nouveau bâtiment est construit dans une « zone à risque », l’assureur n’est pas tenu de fournir une couverture contre les dommages dus aux inondations. Pour les immeubles existants dans les zones à risque, il existe un mécanisme de solidarité pour limiter les primes, notamment en partageant les coûts entre tous les assurés. Bien que la législation ne vise pas principalement l’adaptation au changement climatique, elle a un effet dissuasif sur la construction de bâtiments résidentiels dans les zones présentant un risque élevé d’inondation (des cartes inondations existent pour les trois régions).
Pénurie d’eau
Afin de limiter autant que possible le risque de pénurie d’eau en Belgique, des solutions durables et adaptées au système d’approvisionnement en eau sont privilégiées. Comme dans le cas des inondations, les principes de la sécurité multi niveau sont appliqués, avec une attention particulière pour les mesures de protection, de prévention et de préparation qui maintiennent l’équilibre entre la demande et l’approvisionnement en eau. La réduction du risque de pénurie d’eau est une responsabilité partagée entre les gouvernements, les secteurs et les citoyens.
Les politiques de lutte contre la pénurie d’eau et la sécheresse sont axées sur les objectifs de la directive-cadre eau et sur la réduction des dommages causés par la pénurie d’eau et la sécheresse. La directive-cadre eau oblige les États membres à gérer l’eau de manière durable. Pour ce faire, ils doivent établir des plans de gestion pour chaque bassin hydrographique.
En Flandre, afin de mieux garantir la concertation et la coordination nécessaires entre les mesures en cas de sécheresse, la Commission de coordination de la politique intégrée de l’eau (CIW) a été nommée coordinatrice pour les sécheresses en juin 2017 et la Commission flamande sécheresse a été établie en juin 2018. En cas de sécheresse extrême, il faut également avoir des règles de priorité pour la consommation d’eau. Des consultations ont été engagées dans ce cadre avec tous les acteurs concernés.
En Région de Bruxelles-Capitale, le suivi du niveau des bassins hydrographiques est combiné avec le suivi de leur qualité depuis 2004. Son plan régional de gestion de l’eau de 2017 comprend une approche intégrée et globale à l’ensemble des défis liés à la gestion de l’eau pour la période 2016-2021. Ce plan prévoit des mesures visant à promouvoir l’utilisation durable de l’eau et à restaurer le réseau hydrographique de la région. Il comprend également un programme pour l’utilisation rationnelle de l’eau dans les zones urbaines, élaboré dans le cadre d’une conception urbaine durable et de projets de construction écologiques.
Niveaux d’eau en Belgique: Flandre / Wallonie
Sécheresse (Flandre)
Projet Flood4Cast (VITO) pour mieux anticiper les scénarios d’inondations possibles (NL)
Projet « prévoir les inondation » (“Flooding: overstromingen voorspellen ») (NL)
Le projet Horizon 2020 BINGO : Bringing INnovation to onGOing water management – a better future under climate change (2015-2019) vise à fournir des connaissances et des outils pratiques aux utilisateurs finaux, aux gestionnaires de l’eau, aux décideurs et aux responsables politiques affectés par le changement climatique pour leur permettre de mieux faire face à toutes les projections climatiques, notamment les sécheresses et les inondations
Études de cas
Belgique