Forêts
En Belgique, les forêts couvrent près de 7 000 kilomètres carrés et 80% de ces forêts sont situées en Wallonie. Les espèces de feuillus et de résineux sont bien équilibrées et occupent chacune la moitié de cette superficie. Afin d’anticiper les effets des changements climatiques sur les écosystèmes forestiers belges, diverses études scientifiques ont été lancées depuis une dizaine d’années. Leurs résultats démontrent que l’enrichissement en CO2 conduira dans un premier temps à stimuler la croissance forestière. Cependant, à moyen terme, cette augmentation de croissance sera limitée d’une part par la fertilité du sol et, d’autre part, par la sécheresse relative induite par la hausse des températures et par la modification du régime des précipitations. Certains résineux, comme par exemple l’épicéa, seront de moins en moins adaptés au climat en raison des hivers plus doux et pluvieux. À terme, des espèces de feuillus telles que le hêtre pourraient également devenir inadaptées au climat notamment en raison des épisodes de sécheresse.
En Région bruxelloise, la forêt de Soignes est particulièrement vulnérable aux changements climatiques, étant donné la grande sensibilité aux sécheresses des principales essences qui la composent le hêtre et le chêne pédonculé. Les prévisions relatives à leur préservation ne sont pas optimistes. La forêt de Soignes est, de plus, un cas de figure particulièrement intéressant par sa proximité d’une grande ville génératrice de perturbations spécifiques (intensité de la pollution atmosphérique, densité de la fréquentation humaine, etc.).
À l’évidence, les forêts subiront des transformations parfois importantes en ce qui concerne les espèces qui les composent.
Le Code forestier wallon de 2008 promeut une forêt composée d’espèces mélangées d’arbres de tous âges, adaptée aux changements climatiques et capable d’en atténuer certains effets. Les pratiques forestières doivent donc viser à favoriser les essences les mieux adaptées aux conditions locales (actuelles) du milieu, ce qui constitue une première étape dans l’adaptation aux changements futurs. La diversification des essences et la conservation d’écosystèmes peu modifiés par l’homme contribuent également à améliorer la capacité d’adaptation des forêts aux changements. Parmi les mesures du Code forestier figurent les maintiens d’arbres morts ou chablis, les maintiens d’au moins un arbre d’intérêt biologique par superficie de 2 ha et la mise en place de réserves intégrales dans les peuplements feuillus. Par ailleurs, dans le but d’augmenter la résilience de l’écosystème forestier, il convient de favoriser les structures forestières complexes, de veiller au maintien de la fertilité des sols, de gérer au mieux les ressources en eau (favoriser la recharge du sol et des nappes par le maintien d’une bonne structure du sol et limiter la consommation en eau de l’écosystème par le choix des essences et des pratiques forestières), de contrôler la densité des populations de gibier et de corriger les déséquilibres en modifiant les situations qui l’exigent. De telles dispositions sont également d’application dans la Région de Bruxelles-Capitale.
En Wallonie, un groupe d’experts travaille sur les impacts des changements climatiques dans les écosystèmes forestiers. Ce groupe a rédigé un document contenant des recommandations à l’usage des décideurs politiques et un guide de bonnes pratiques destiné aux gestionnaires forestiers. Comme évoqué plus haut, l’épicéa, espèce très répandue en Wallonie, est particulièrement vulnérable selon les projections climatiques. Par conséquent, une nouvelle norme a été approuvée en 2009 visant à adapter aux changements mondiaux (notamment sur le plan climatique) les pratiques forestières relatives à cette espèce.
L’Observatoire wallon de la santé des forêts, inauguré en avril 2011, a été créé afin d’évaluer et de surveiller la santé des forêts sur l’ensemble du territoire, à court et long termes. Il est chargé de quatre missions : 1) produire un bilan périodique de la santé des forêts ; 2) maintenir à jour les données relatives au développement de maladies et d’insectes pathogènes ; 3) participer à l’élaboration de cartes de risques biotiques et abiotiques sur la base de la vulnérabilité des espèces qui composent les forêts et des stations ; et 4) réunir les connaissances suffisantes pour mettre en œuvre une lutte coordonnée en situation de crise sanitaire. Des partenariats ont été établis avec la Région bruxelloise et la France en vue de faciliter l’échange de données en temps réel lors de l’apparition de maladies, et de permettre une gestion concertée à l’échelle interrégionale.
Un inventaire permanent de l’état sanitaire des chênes et hêtres en forêt de Soignes permet de suivre leur évolution. Les campagnes de mesures montrent que les premiers signes de dépérissement sont bien présents. La Région prévoit d’adapter le plan de gestion de la forêt de Soignes pour permettre le maintien ou l’amélioration de sa capacité de régénération et son adaptation aux changements environnementaux.
Dans le cadre du programme de recherche « La Science pour un développement durable – SSD » mené par BELSPO, le projet de recherche ECORISK – « Un outil d’aide à la décision pour gérer les risques du changement climatique sur les écosystèmes forestiers » (2012-2016) – visait à produire un outil d’aide à la décision permettant d’analyser les risques pesant sur les écosystèmes forestiers et les réponses des forêts à des événements climatiques extrêmes, en particulier les effets à long terme sur l’eau, le carbone et les cycles des éléments nutritifs dans les écosystèmes forestiers belges.
Études de cas
Belgique